8.1.11

arrachée à sa gueule
arrachée à son air de pochtron
arrachée à ses lèvres qui suintent une haleine de nuits mal rincées
arrachée à ses matins dans les bols de café trop serrés
arrachée aux griffes de son silence du sang
arrachée à ses montagnes de factures
arrachée à ses fractures qui fèlent la montagne
arrachée à ses paroles sur le vynil tournant
arrachée aux dépressions sales de ses yeux
arrachée aux vents des fenètres écaillées de son appart
arrachée à l'émeute de ses livres en pile amoureuse
arrachée aux vagues de sa colère de me voir partir
arrachée aux accents de son sourire quand il me fait jouir
arrachée aux baises impromptues et aux jours trop connus
arrachée à la peau de ses non dits le pal
arrachée à nos faiblesses collantes
arrachée à nos ennuis de plomb
arrachée à nos virées insoumises
arrachées aux heures de l'horloge qui fuit
arrachée aux repas à préparer
arrachée aux passages obligés
arrachée aux sens permis
arrachée aux sens interdits
arrachée à la prévention des déroutes
arrachée au soin des croûtes
arrachée aux canards du naufrage
arrachée aux orages dans la verte vallée
arrachée aux mots d'amour en boucle
arrachée aux bras des fauteils où tu dors
arrachée au lobe de son oreille coupée
arrachée à ses passions à la hache
arrachée à ses ronflements
arrachée à ses manies ammoniaques
arrachée à l'eau de vie du dimanche
arrachée à ses potes au sirop
arrachée à notre contrat de mariage
arrachée à la pelure des murs
arrachée aux murs endurcis
arrachée aux déveines fécondes
arrachée au destin qui dicte
arrachée aux lignes droites
arrachée à une seule vie
arrachée à son seul désir
arrachée à la matière son rêve
arrachée aux poils de sa poitrine
arrachée à ses singes hurleurs
arrachée à ses mégots givrés
arrachée à ses revues dans le placard
arrachée à ses pv not vip
arrachée au flingue de ses mots
arrachée aux sons de ses pets
arrachée à ses délits en d'autres lits
arrachée à ses histoires pas drôles
arrachée à son enfance malheureuse
arrachée à son bonheur qui bat le beurre
arrachée à ses défonces au coin
arrachée à ses stations prolongées dans le vide
arrachée à sa jalousie
arrachée à la moindre note de ses pipi en vasque clos
arrachiée quoi

2.1.11

Le crépuscule se ramène
toujours pas de caisse
dans l'horizonzon
j'ai smoké toutes ses clopes
bu le bidon cul sec
de ses rêves fumeux

j'ai mal à mon cul et à mon coeur
m'en parle plus mon âme se sent mal

y a un clébard qui aboie dans les montagnes
encore un qui s'prend pour un chacal
je suis camée par terre à même
raide dingue de lui foncedé
les nuages goudronnent de noirs émaux
c'est pas encore moi qui mate le joyau

j'ai mal à mon cul et à mon coeur
m'en parle plus mon âme se sent mal

c'est un drôle de Julosse à zéro
du genre de la loose des héros
moi j'le kiffe lui et sa grosse moto
quand il déboule pour faire son Zorro
sur mes nichons à vau l'eau
dans mon soutif wonderbroz

j'ai mal à mon cul et à mon coeur
m'en parle plus mon âme se sent mal
Le papa papi lion


Dans les trous de mes filets
j'adopte des coléoptères
aux ailes dézinguées
zzzzzzz

des papa papi pipi
des papi papaye yo!

ça s'envole de tous côtés
impossible à rattraper
ce que c'est dingue
les bouts de pensée

je saute de caillou
en caillou
c'est très chou
la voie lactée
é é é

tu me donnes le biberon
je te fais des sourires

oh le joli papa papi lion!
Abattue dans les nuits
aveugles de ton désir
je rampe
jusqu'au prochain trottoir

la lune cercle
mon corps strié
de larmes

les flics passent
et me ramènent au zoo
Le froid décompose
les mouettes
en syllabes
muettes

la rosée, une perle
de culture givrée
dans nos doigts
accrochés

la menace du ciel
fend les possibles
du demain
et c'est un peuple
qui tombe
dans nos crevasses
tendues
Si ta vie achoppe au mystère
telle la formule des étoiles
jamais détaillée
dans l'oeil du microscope

Si ta vie achoppe là
où les autres vies
connaissent la joie
du bond
du rebond

Si ta vie te traîne
dans ses longueurs
sans percer à jour
la moindre heure

Si ta vie hésite
entre
© Hengki Koentjoro 2010

Dans le brouillard de chaleur d'une cité perdue,les fumeurs d'opium larguent des rêves par paquets du haut de leurs parachutes à trous.Une fillette pousse un galet sur la place entre des filets de lignes tracés à la craie tandis qu'un homme ,vieux comme sorti d'une jungle impossible à circonscrire, épèle une phrase dans un dialecte dont la musique persiste à s'enfuir.Les arbres fondent et se répandent mous sur le sol,liquides indécis,dans le renoncement des fleurs de la prochaine saison.Des pleurs traversent un nuage,le nuage ,là ,là-bas.